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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

poesie en prose et versifiee

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

73 Paradoxe de la souffrance. Relectures, chasse aux répétitions, scrupules absurdes… Notre misère frissonne à l'angle du cosmos. Souvenir de bande dessinée. Joe Dalton en liberté conditionnelle, voulant montrer sa bonne volonté à l'égard de la société. Finit par gagner le gros lot - un coussin - au cours d'un goûter de vieilles. Joe sort de la réunion. Gros plan sur sa tête hargneuse. Il porte le butin de la tombola, fruit de sa bonne conduite, en quelque sorte. Obligé d'accepter la médiocrité afin de prouver sa bonne foi. Nous sommes tous des Joe Dalton. 74 Soirée ciné-club à Noriskeperils.

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

138 L’hiver est contradictoire, c’est sa façon de copier l’été. Le printemps vaut bien l’automne de ce point de vue. Forte de ce constat, la terre fulmina longtemps au gré de la nature qui refroidissait ses entrailles bedonnantes. Puis elle lâcha prise, abandonnant son oeil à d’autres soleils moqueurs qui abordaient les confins de la technique littéraire. Egaré parmi les contradictions de la poésie naturaliste, l’estomac vide et l’oxymore en bandoulière, Zola cherchait la vie en périphérie des cités ouvrières. L’important c’est d’y croire. Pour un rital, c’est déjà pas mal. Après tout, la vie grouillait...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

137 Désirable et imprévisible. Voilà le jour, voici la mer, l’été et ses fiévreux bassins sous le balcon d’Orient. Reste à construire une route pour la nuit, un sentier pour la vie. On plonge ses narines dans le bouquet, on veut peindre les reflets d’azur sur la rose blanche, on épingle une citation choisie comme une méditation de la France. Déjà elle efface tout cela, froisse les tiges, casse les courbes, repousse les déesses alanguies sous les arbres. Au loin, le vent caresse les falaises. L’ombre douce remonte son chalut. C’est dimanche . Bonjour Michel Drucker. Tiens, une Renault pleine de...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

136 Dédoublement de la nécessité. L’absence de l’être aimé crée des trous d’air dans mon cerveau vieillissant. C’est épuisant, émouvant, inutile et source de plaisir rare Lumière pour se révéler. Art photographique. Je redoute les limites de la pensée comme l’agoraphobe craint le trou de gruyère Rapidité des sensations. Partialité du souvenir. Reflet de l’au-delà. Collier de fragile mémoire arraché au quotidien pour exister La mort transmue. Et après ? Gâchis de plein hiver. Nécessité, que l’on me prouve le Contraire. J’attends et je rêve Demain les réfugiés de nos contrées aux tentes Piquetées...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

131 Quoi de plus angoissant, pour l’homme libre, que cet instant où il n’a plus rien à désirer ? J’y songe ce soir au coin du feu, un bon disque de jazz sur ma chaîne à 7000 €, un verre d’Hermitage à portée de main, pendant que mon épouse termine de hurler sa race en cuisine. 132 Accent circonflexe du panier de crabes. Porte-bagage céleste. La soupente des enfers reçoit à cœur battant celle qui parle d’amour. Le diable découvre une écharde dans l’œil des profondeurs. Une lampe clignote… Monsieur Klimt, le Chinois du quatrième sous-verre, s’agite. 133 Si l’art du XXème siècle te fait mal, Schie...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

125 Nos changements d’humeurs traduisent les circonvolutions de l’âme davantage que les méandres de l’existence. En vie, potentiellement infinis, cœurs assoupis sur la rive du quotidien, nous regardons les jours passer, scrutant la grisaille de l’eau profonde, dessinant à tout hasard la surface qui miroite au fond du ciel bleu. En un mot, nous crevons d’ennui. La mythologie incarne cet état de fait. Depuis des millénaires les poètes grecs ont malicieusement enjolivé ces torpeurs de l’inconscient, enveloppant jusqu’au sarcasme les voix qui montent vers l’Eternel. Exode de l’infinie sagesse. Empreinte...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

116 De ce fleuve boueux qu’est l’existence, nous retenons les berges quand c’est elles qui devraient nous retenir. Malentendu à l’origine de l’Art. Le poète n’est pas maudit, il est mouvant. Shakespeare cherchait une corde, il a trouvé la chevelure d’Ophélie. Postiche dans l’abat-jour du globe. De ce savon fait avec les juifs, l’existence poursuit son œuvre délétère. Qui barbe les jeunes générations. Désormais la tête baigne dans l’onde éternelle. Arène blonde du sommeil. La mort échappée sur des jambons invisibles. Un petit dessin animé dans les tavernes tout de même. Le jour croulant lève sa...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

111 « Un conseil mon petit : quand on stigmatise un travers de ton caractère, il ne faut surtout pas te dégonfler (et cela encore moins devant l’occupant !) : tu dois assumer, exagérer, tourner en dérision ton propre défaut. » Voilà ce que disait ma grand-mère, dont les remèdes étaient sinon légendaires, du moins proverbiaux. Grosse cochonne à perruque. 112 La Bretagne est une maison de retraite à ciel ouvert. C’est le journal de 13 heures qui en parle. Fragilité de l’hortensia aux maisons basses, quotidien chancelant sous la lunette des océans grisâtres, une pierre blanchie par les siècles d’humidité...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

108 Je marche dans le centre-ville. Au-dessus de moi la pleine lune déposée dans le ciel, comme un immense point d’interrogation sur le contrefort des étoiles. Banale et merveilleuse légende. Partition lumineuse et obscure dont nous sommes les oiseaux indiens. On voudrait pouvoir se suspendre à ce fil lointain, écouter l’avenir chanter dans les tuyaux d’orgue de la divinité, rêver à l’essentiel, mesurer la plénitude de l’instant, aller goûter la grande réconciliation entre ciel et terre, piocher dans le pot de confiture des étoiles, dire simplement les vastes et redondantes inquiétudes dont nous...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

106 Ce soir je me fais une folie : le dernier disque du coffret des Sonates pour piano seul de Joseph Haydn. Avec Walter Olbertz au clavier. Le grand Walter Olbertz. Un objet rare. A mille lieues du label Deutsch grammophon. Ouverture Léonore, Version Karajan, au coin du feu j’ai sorti le fusil du coffre de la voiture. – Ici c’est Edel classic. Les fières heures de la RDA. Une tragédie oubliée. On imagine le dernier disque du coffret. L’aboutissement, Années 70. BHL publie Mémoires d’un bouton de manchette, le disco transpire, les punks hurlent No future. Un président est retrouvé dans le coffre...

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