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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

 Du spirituel

Guillaume Poutrain

 

 

 

 


Les religieux, les artistes ou les philosophes ont en commun d'avoir un temps d’avance sur la folie générale. 

 


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La religion est obligée de bâtir son Eglise sur une colline afin que sa voix ne soit pas couverte par le quotidien. Contrainte de dépasser l'existence ordinaire, elle doit stimuler l'exigence morale, chercher ce qui a atteint sa plénitude, ce qui est parvenu à son achèvement : la perfection. La religion commence donc par la fin. D'où la nécessité d'une Résurrection. Ce qui demande une bonne dose de crédulité, à moins que la Résurrection soit métaphorique, étreinte amoureuse de la réalité, ténèbres vaincues par la puissance du jour, mélodie inscrite sur la portée de la Chair, offrande lumineuse des grands fauves assoiffés de paix que nous sommes. Moi, je veux bien, les copains aussi, mais qu'on nous le dise, bon sang ! 

 

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De quelle nuit grandiose sommes-nous les rejetons pour faire les gosses au pied du sépulcre?

 

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Prêtez-moi votre missel, Strogoff.

  

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Tu es parti. Depuis l'enfance, ta beauté intérieure s'est lentement transformée en forteresse de délicatesse. Ton patient travail consistait - toi qui aimais plus que quiconque - à éviter la passion. Tu ne t'es pas suicidé. La cérémonie, où nous étions si nombreux, a montré que tu avais deux coeurs. Tu es mort par malformation d'amour.                                                    

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Il existe un espace de sérénité entre nos yeux et l’univers, lieu rare et réconfortant qui tend, au fil des secondes, par sa pureté même, à devenir intenable.

  

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Entre le paradis et moi, la chambre à coucher des étoiles. Bonheur insaisissable et propice à la dissertation de l'éveil.

 

 

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Nous sommes partis à la pêche miraculeuse pour obtenir la bénédiction du Verbe, la paix des mots. Résultat : les poissons se sont convertis au dialecte des hommes.

 

 

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On trouve une puissance dans la générosité qui échappe aux limites communes. Elle est ce paquet de cigarettes qui tourne en prison et revient vide à celui qui l'a offert. Elle puise son bonheur dans un idéal qui éclaire notre passage sur terre. La générosité est un acte d'amour. L'amour est une forme d'intelligence de la vie.

 

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Des rêves que l’homme met en l’Homme, on parle d’espérance humaine. Des rêves que Dieu met en Dieu, on parle d’espérance divine. – En toute objectivité, on parle trop.

 

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Pour approcher la Lumière, tu dois souffler au Diable la solution qui t’aurait permis de le vaincre loyalement.

 

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Les versets de la Bible sont éclairés par les étoiles. L’autoroute, c’est ta vie. La route, c’est ton cœur. Le chemin, c’est ton âme. 

       

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Il dissertait sur l’homme fidèle, seul au cœur des grands espaces bureautiques, prêt à tapiner avec l’Idéal pourvu que Dieu soit le client. – Un agent d’entretien, quoi.

 

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Les plus fines saloperies nichées au coeur de l’homme sont d’un alliage si corrosif que le creuset de la religion en scintille de jalou­sie.

 

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Que d’actions entreprises grâce au mécénat du Malin !

 

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La religion, c’est la police de l’amour.

 

 

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Nous avons mis le sacré à la poubelle. La petite, dans la salle de bain. Vous trouverez. 

 

 

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La Foi n’a pas été vaincue par les libertins, les Lumières, les jacobins ou les communistes. Elle n’a pas plus été défaite par la gloire des Empires. Non, la foi chrétienne a été gangrenée par le commerce.

Depuis la Renaissance et la première mondialisation, l’Homme, plutôt qu’entretenir le lien intime qui unissait le visible à l’invisible, préféra consacrer son énergie à nourrir l’économique, à muscler le chiffre d’affaires, à garnir ses succursales. – Dieu est mort d’une transfusion sociale.

 

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Habitué à se nicher dans les détails, le diable mène une vie de patachon.

 

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Des cheveux gras de compassion.

 

       

                                                 ***

 

Au fond du ciel, il y a Dieu. C’est si loin qu’on y voit à peine. Au fond du cœur, il y a nous et la petite souris qui mange le gruyère des SDF.

  

                                                  ***

 

Par respect pour le Christ, au moment de son supplice, Saint Pierre demanda une faveur : être crucifié la tête en bas. Il disait posséder les clés du Paradis. Les Romains lui ont mis la tête à l’envers. Ses clés sont tombées par terre. C’est la faute à Voltaire.

                

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 Jésus, c’est un syndicaliste qui revendique les projets du patron.

                   

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Dans le coffre des apôtres, l’immortalité savoureuse. Ils décidèrent de l’ouvrir et se firent dévorer par la Compassion.

 

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Entre désespoir commun ou bonheur solitaire, un bon chrétien n’hésite pas : il fonde une famille nombreuse.

 

                                                ***

 

Que celui qui n'a jamais péché me jette la première pierre et m'atteigne, hé con !

 

                                                ***

 

Quelle est élégante, cette étincelle de vie qui brille dans l’oeil du prêtre accueillant à bras ouverts les retardataires au moment de l’office !… On devine qu’il est particulièrement heureux de leur présence. Comment ne pas s’étonner toutefois d’une telle réaction? A-t-on jamais vu un chef de train se réjouir des voyageurs qui galopent ? Imagine-t-on le prof encourager les élèves qui entrent après la sonnerie? Que penser du regard des employés de la FNAC lorsqu’arrive le client de 18 h 45 ?... Rien. On n’en pense rien. C’est la vie. Par contre, l'étincelle dans l'oeil du prêtre - elle - n’est pas la vie. Elle est plus que la vie. L’étincelle qui brille dans l’œil du prêtre, c’est l’immense amour de l’humanité s’embrasant au contact d'un monde idéal. Cette étincelle de vie, c’est le berceau de la poésie, de l'art, des révolutions, des pires massacres.

 

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 Voici de quoi pique-niquer, dit Eve. Mais pas de verre, Adam.

                
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Tous les jours, l'Homme balaie le chemin sur lequel il se trouve ; le soir parcourant la voie dégagée, il interprète les ombres qui passent comme des oppositions à son projet. Un matin, levant la tête, l'Homme comprend que c'est la faute des nuages : -Supprimons-les. Je veux que le ciel soit toujours bleu, dit-il. Puis l'Homme observe de petites taches sombres se déplacer : -Supprimons les insectes également, ajoute-t-il. Ils m'agacent... -Seul votre Père a le pouvoir de supprimer les insectes, répond, embarrassé, un fils de l'homme. -Mon Père a eu le pouvoir de les créer, il n'a pas celui de s'en débarrasser, réplique  l'Homme... Car mon Père trône dans les cieux à l'image de l'homme, ajoute l'Homme. Et l'homme ne peut supprimer sa descendance. Ce serait un crime, dit l'Homme; ce serait un forfait accompli d'homme à Homme ce qui, pour l'homme, est particulièrement grave aux yeux du Père. 

Nous parlerons des femmes une autre fois.

 

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-Sans « Moi, je » il n’est point d’existence, fiston.

-Je n’arrive pas à m’y faire, répondit Jésus.

-Comment condamner l’égoïsme, si tu ne l’accueilles pas, mon petit?

-La violence ne doit plus appartenir aux hommes, Père.

-Tu ne veux pas être un homme, mon fils ?

-C’est difficile pour moi. Maman m’en parle souvent.

-Et ton papa ? Il en pense quoi ?

(Fin de l’interview. Le ventre maternel se referme.)

 

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Alors les exégètes épluchèrent les heures évangéliques, le vent se leva, la cité rêva d’impatience: Elle vous appartient désormais, chats faméliques au pelage de soleil... Goûtez à ces arêtes de poisson, félins de misère. Quant à vous, roulez aux petits marchands, oranges atones !...  La parole divine éclaboussait de frais les murs poudreux. Des habitants riaient sous leurs haillons. D’autres décousaient la robe du soleil, amassant des brindilles d’or.

Comme disait le Christ lors de son entrée à Jérusalem, il était temps de diffuser la Bonne Nouvelle.

 

                                                 ***

 

Chut !… Le Christ est au fond du jardin. C’est un voilier qui manque de sommeil. C’est un papillon qui arrache sa chemise africaine. C’est une nuit parfumée entre les omoplates du printemps. C’est un hôpital où personne ne bouge.

 

                                                 ***

 

Tu épouses la Souffrance pour qu’elle te crache au visage, comme Noé badigeonnait d’avenir les flancs de son vaisseau.

 

 

 

 

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