Gloire à dieu chemin des Poètes ! s’amuse l’Inspiration Toi qui supportes sur ton dos des brouettes de fleurs Fanées, toi qui balances la Beauté par les fenêtres N’oublie pas d’ouvrir les grilles du château au fumier Qui rembourre mes rayonnages de Parole imprévue.
Oui ma chérie oui mon amour tu es partie Je t’ai virée de mon cœur et je m’en mords Les artères j’ai du sang plein les yeux. – O Je travaille à un livre qui te rendra justice Fais-moi confiance.
Prévisible pensée du soir papillon noir de Machiavel Plage de rêve moyennant un sablier sans réponse Aventure blême badigeonnée de soleil couchant Nuit formidable de solitude j’ai senti le fer brûlant La culpabilité volatile sous un tissu de mensonges.
Il y a de la grandeur dans ce que nous sommes Par intermittence Par fragments Des scories lumineuses Des étincelles d’amour. Des escarbilles de Beauté.
La tentation est grande de graver l’immensité du vide Sur les lignes prévisibles de la mémoire bienveillante A l’heure où cette sensation devient humaine Je peux la partager et rafraîchir son essence fugace Lorsque la douleur vient à manquer.
Etre le crayon Planté Dans le chignon du poème Comme un poignard Dans le soleil de l’habitude.
Aimez-vous les uns les autres C’est un admirable programme Qui marche en temps de guerre Quand le temps vient à manquer Et qu’il faut dire adieu à l’amour.
Ce soir j’écoute mon bel ami, mort trop tôt. Les sensations Affluent avec une logique obstinée une soif d’amour ravitailleuse Pied à pied les images vagabondes reviennent à la mémoire Comme autant de passerelles écartant les abîmes du cœur Où se morfondent des sentiments plus lumineux que nous.
Le poète remonte le temps Avec la grâce rigoureuse De celui qui sait tout Mais n’a encore Rien vu.
Ouvrir au vitrail l’air insensé que les fidèles réclament Abandonner à l’avenir la vérité des coups de gueule Transmettre le soleil dans une hésitation de bougie Embrasser son ombre dans les étages du souvenir Rouler un dernier pétard pour s’endormir tranquille.
