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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

A la table de Claude Monet (1840/1926) *

Guillaume Poutrain

 

Cet artiste est le plus gourmand des peintres. Sa maison de Giverny est un hymne à la nature et à la nourriture, à l’image de sa cuisine, resplendissante d’un bleu clair laqué. On admire toujours les carrelages de Rouen et le grand fourneau. Monet, en homme organisé, dispose d’un potager à l’extrémité du village : il com-mande lui-même les graines, pots, cloches à melon; il déambule dans les allées de salades, les avenues de choux, pour déboucher sur un carrefour de plantes aromatiques... Aux légumes de région, il faut ajouter sa prédilection pour les produits du midi : tomates, aubergines, poivrons, artichauts et huile d’olive de Provence, piments doux, courgettes de Nice, inconnues dans la région, de même que fèves et fèvettes, ail Rocambole et petits oignons d’Egypte. Ce qui ne l’empêche pas de rendre hommage aux légumes locaux, notamment ce délicieux cresson qui figure sur les armes de la ville de Vernon... En contournant la maison, les invités découvrent une basse-cour avec des races sélectionnées de poules, canards, dindons et coqs, pour conserver une ponte de haut rendement, ce qui est de la plus extrême importance en hiver. Les brochets viennent du bassin. Monet raisonne comme un vrai gourmet : car si le pot-au feu est une tradition du di-manche, il permet surtout la préparation des consommés et bouillons de la semaine. En 1900, sa table a des allures de nouvelle cuisine. On y trouve des légumes nains et cueillis jeunes ; les épinards sont cuits dans très peu d’eau pour conserver saveur et couleur. Les asperges sont à peine cuites... Côté service, le peintre est intraitable sur les horaires : déjeuner à 11 h 30 précise. Puis il commence à toussoter nerveu-sement, ce qui sème la panique dans les couloirs. Il faut dire que Monet se lève tôt pour travailler et le petit-déjeuner est loin (oeufs au bacon, andouillettes grillées, fromage Stilton ou de Hollande, pain grillé, marmelade d’orange, thé...) De plus, le déjeuner de 11h.30 est le repas où l’on reçoit. En effet, on se couche au plus tard à 21h.30... Le peintre découpe lui-même viandes et volailles, avec deux services de salade, tant la sienne est noire de poivre. – A la cave, cailloutin de Giverny ou picolo d’Argenteuil sont proscrits; Monet préfère le vin bourgeois (Bordeaux et Bourgogne). Quant au champagne, on en raffole; le Veuve-Cliquot est servi en carafe. Cette table est celle d’un oeil raffiné : sur des nappes jaunes, un service Japon de la manufac-ture de Creil, avec faïence bleutée émaillée à motifs de cerisiers et éventails bleu foncé ; ou service en porcelaine blanche, à large marli jaune et filet bleu. Fleurs à profusion, clématites flottant dans des coupes. Monet raffole des pique-niques, au même titre que les balades en voiture (il aime la vitesse !) ou la cueillette des champignons. Parfois, on finit ces expéditions routières chez les sœurs Tatin, à Lamotte-Beuvron... Au retour, le peintre des Nymphéas prépare les cèpes à l’huile d’olive – seule recette dont il revendique l’invention ! (En effet, le peintre est partout dans la maison, sauf en cuisine.) Monet ne chasse pas mais il aime partager pâtés en croûte ou terrines de gibier. Et puis il adore la bécasse faisandée, 14 jours pendue dans la cave, non vidée, plumée, rôtie, accompagnée d’un toast... Monet vide la bête, tartine le canapé avec l’intérieur et se régale. C’est un ogre. Le soir après le potage, un plat d’œuf ou de fromage, puis volaille, gratin ou viande froide, salade, fromage, dessert. – Une belle vie de 86 ans, dont 43 à Giverny, où, comme écrit l’auteur, les saisons ne sont qu’une succession de différentes harmonies bien maîtrisées...

*Cette chronique, dont les guillemets ont été supprimés par souci de lisibilité, s’inspire largement du beau livre intitulé Les carnets de cuisine de Monet, de C.Joyes, éditions Chêne, 180 pages. Préface de J. Robuchon. Une idée de cadeau.

 

 

Recettes de Claude Monet

 

 

« Mes cèpes à l’huile d’olive » J’essuie les cèpes et je les épluche. J’enlève le bout terreux et je hache les queues au couteau, finement. Je les dispose dans le fond d’un plat à gratin et j’installe par dessus les têtes entières ; j’arrose généreusement d’huile d’olive et j’enfourne dans un four doux. Les cèpes sont cuits lorsque l’huile retrouve sa limpidité. A ce moment-là, je les parsème d’un hachis d’ail et de persil, je sale et je poivre. Pendant la cuis-son, j’arrose les chapeaux des cèpes avec l’huile du plat. Réchauffés je les trouve encore plus savoureux.

 

 

Moules au vert

 

Bien nettoyer les moules. Mettez-les dans une casserole avec beurre, oignon coupé, persil, grains de poivre concassé, céleri en branche. Cuisez à feu vif en remuant de temps en temps. Lorsqu’elles sont à point, renversez-les dans une passoire en re-cueillant le jus. Faites revenir au beurre : cerfeuil, oseille (pas trop), persil, estragon hachés. Mouillez avec le jus des moules et du vin blanc. Donnez un tour de bouillon, liez avec un peu de fécule et réchauffez les moules dans la sauce.

 

 

Palets au miel

 

2 oeufs, 125 g de sucre en poudre, 100 g de miel, 150 g de farine. – Mélangez les oeufs entiers avec le sucre, travaillez vivement pendant 5 bonnes minutes. Ajoutez le miel, mélangez, ajoutez petit à petit la farine. Laissez reposer ½ h. Déposez la pâte par petits tas sur une plaque beurrée, mettez à four doux et retirez les palets dès qu’ils sont dorés.

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