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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

La cuisine et les femmes

Guillaume Poutrain

                                                 

Avouons-le tout de suite dès ce début de chronique : chez nous, c’est plutôt l’homme qui est aux fourneaux. En effet, mes attributions domestiques gravitent essentiellement autour de la cuisine, que ce soit en amont (faire les courses) ou en aval (remplir et vider le lave-vaisselle). En échange, j’échappe à la corvée de linge et de vitres. Pour l’aspirateur, cela dépend.

Côté cuisine, cela se passe donc à contre-courant de la tendance actuelle : je suis le chef en semaine et c’est  Bénédicte qui met un tablier le week-end. Ainsi, du lundi au vendredi, je nettoie, j’épluche, je cuis, je mitonne, je réchauffe, je parfume, j’agrémente, j’invente, je rate (du Touquet), je fais chauffer les assiettes, je présente pour qu’apparaisse sur la table, entre 19h45 et 20 h, le menu du soir... Je suis notamment le responsable exclusif des cuissons, que ce soit viande, mais surtout, poisson. Je m’enorgueillis donc de devoir réaliser un cabillaud au chou, un carrelet fondant, une côte de veau espiègle, mais aussi, plus simplement, une brandade de morue, une bavette à l’échalote ou une entrecôte minute. En échange, j’admire mon épouse le samedi, sous les lumières éclatantes du fourneau : à moi alors ses délicieux risottos, ses somptueux soufflés, ses pâtes parfumées, ses desserts croquants... J’attends confortablement dans un fauteuil, en écoutant de la bonne musique, tel un avatar du mari idéal des 30 glorieuses, à l’époque où Moulinex représentait une femme épanouie et non pas une charrette de licenciements.

ll serait facile de faire un constat au sujet des femmes et de la cuisine aujourd’hui : elles sont les cordons bleus de la planète, du nord au sud, de la Chine au Guatemala, en passant par la pittoresque Italie ou l’ombrageuse Espagne... Mais quand il s'agit de haute gastronomie, chacun sait que les choses changent ; ce sont les hommes qui, très majoritairement, portent la toque. Aujourd'hui, selon le guide Michelin, une seule femme (Anne-Sophie Pic à Valence) possède les 3 macarons contre 25 hommes. Il est vrai que l'histoire de la cuisine française a enfanté peu de femmes de renom. La plus pittoresque d'entre elles est sans doute "la mère Brazier" dont le restaurant de Lyon (elle a formé Paul Bocuse ou Alain Chapel) demeure dans les mémoires. Je me souviens que mes parents avaient fait le détour sur la route des vacances, avec l’intention de déguster ses fameuses quenelles de brochet, « des quenelles si grosses que ta mère n’en n’est pas venue à bout ». C’est dire. Plus près de nous, citons Ghislaine Arabian ou Hélène Darroze, qui ont su insuffler un vent de renouveau, même si les journalistes posent fatalement les mêmes questions : « -Alors, comment faites-vous pour diriger une brigade d’hommes ? » Chacun connaît la réponse : il faut travailler deux fois plus pour obtenir le même résultat. Ainsi va le destin des femmes, en cuisine, comme ailleurs, dans notre société...

Cette opposition entre la cuisine quotidienne, « de ménage », comme on disait avant, majoritairement féminine et la haute voltige culinaire, masculine, rappelle le monde de la couture : les boutons à repriser pour madame, le travail de luxe pour Lagerfeld... Mais ne désespérons pas : il existe désormais une passerelle entre ces deux univers en la personne des hommes qui cuisinent pour le plaisir, le week-end notamment, tels qu'on les a vus au cinéma dans Le déclin de l'Empire américain. Pendant ce temps les femmes boivent un verre dans le salon. Il paraît, en effet, qu’elles ont chaque jour davantage les faveurs de l’œnologie. – Aussi, j’hésite : vais-je rejoindre ces dames pour trinquer en contemplant les reflets du chardonnay ou aider mes vieux copains en cuisine ? A votre avis ?... Ma femme connaît la réponse !

 

                   Une spécialité de Bénédicte : le curry d’agneau

 

 

 

Pour 4 pers.

 

600 gr d’agneau dégraissé : selle ou épaule.

200 gr d’oignons blancs

400 gr de tomates mûres

1 dl de lait de coco

1 gousse d’ail

le zeste râpé d’1citron vert

1 cuil à soupe de jus de citron vert

1 cuil à soupe de coriandre

2 cuil à soupe de curry

1 cuil à soupe d’huile d’arachide

sel

 

1/Coupez la viande en lamelles de 2 cm de long et 4 mm d’épaisseur. Pelez la gousse d’ail et hachez-la finement. Pelez les oignons et émincez-les en lamelles de ½ cm d’épaisseur. Ebouillantez les tomates puis pelez-les et hachez grossièrement la pulpe en éliminant les graines.

2/Faites chauffer l’huile dans une sauteuse et ajoutez les oignons. Faites les cuire 1 mn à feu modéré, en tournant avec une spatule puis ajoutez l’ail et mélangez. Ajoutez les lamelles de viande, mélangez 1 mn puis saupoudrez de curry et de sel. Tournez 30 s puis ajoutez les tomates et le lait de coco. Mélangez.

3/Couvrez la sauteuse et laissez cuire 25 mn, en remuant de temps en temps.

4/Au bout de ce temps, la viande est très tendre, enrobée d’une sauce courte et parfumée. Ajoutez zeste et jus de citron, puis la coriandre. Mélangez. Versez le curry dans un plat creux bien chaud et servez.

5/Accompagnez de riz blanc nature (thaï ou basmati). Proposez des chutneys divers.

 

 

Parti pris

 

Pour accompagner ce plat épicé, M. Guérad, des caves Bérigny, propose un Crozes-Hermitage, domaine Mucyn, à 11.90€. Citons également la délicieuse Syrah du domaine L. Cheze à 5.95€.

Caves Bérigny, rue Rollon, 76000, Rouen. T : 02.35.07.57.54

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