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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

poesie en prose et versifiee

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

26 A 50 ans, je commence à avoir de la barbe. Occasion inespérée pour faire de moi l'autoportrait. Un genre Montesquieu me plairait assez. Avec des favoris sur le côté, col Claudine de bon aloi, l'air jadis bordelais de noble fantaisie, ambiance gigot flageolets, papa est venu en coup de vent. Et du soleil sous les aisselles. Tout pour ma gueule, c'est déjà pas mal. Moi, j'envie les "artistes" (je mets des parenthèses, comme disait machine) devant leurs salles combles + le peignoir + les fleurs + le bon dîner après le spectacle. Je m'assois près de la sortie de secours. Allée Edith Piaf. Hommage....

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

25 Ahurissant de simplicité : une fenêtre face à mon regard. Lumière de coucher de soleil. Force lumineuse précédant la disparition. Les croisillons de la fenêtre carrée évoquent une toile de Mondrian. – Pourtant, je regrette déjà la référence. Ce sont des mots et des idées. Désir intenable. Nous sommes des pensées. Tout droits sortis du portefeuille d'êtres maudits. Les lourds enfants du quotidien. Chassés du paradis. Nus. Voluptueusement honteux. Condamnés au coin de la feuille à carreaux, sous un chapeau de formule. Obligés de penser la fenêtre qui refroidit. Petit homme agacé, j'y retourne....

La Distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

24 Casquette SNCF Je me suis oublié entre tes seins Il était midi quarante-cinq Je me suis oublié entre tes mains Il était quatre heures vingt-cinq Je me suis oublié entre tes reins Il était minuit trente-cinq Je me suis oublié entre tes yeux Il était cinq heures vingt-deux.

La Distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

21 Le phénix a bouffé ses plumes. Ultime tentative de suicide de la part d'un animal maudit. Pour l'heure, seuls ses petits yeux (à peine lavés par la rosée du matin) ont été retrouvés, joyaux tremblants dans leur écrin de chair, comme si avares de l'or qu'elles répandaient hier avec prodigalité, les étoiles avaient décidé d'abandonner leur niche miraculeuse. Au carrefour de la Vérité, l'oiseau fascine les enfants, amuse les soldats aux bras légers comme de grands nuages, s'attarde sur le voile des danseuses, transforme en pimpant le dernier drame populaire, subjugue balcons et parterres. – Soleil...

La Distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

19 Les ongles du pilote de chasse sont parfaitement nets. Style précis, sans fioritures. Phrase de romancier tendue vers la phrase suivante. Souvenir accroché au sommet nuageux d'une seconde jeunesse. Bien sûr, les ongles renvoient communément à la secrétaire, voire aux hommes influents, ceux qui ont les moyens de les entretenir. Mains impeccables, considérées comme signe extérieur d'élégance, forme modeste d'aristocratie du corps. Baudelaire tenait à avoir les ongles irréprochables et des songes d'assassin. Les ongles parfaitement nets. Détail dérisoire au regard de la puissance de feu du pilote....

La Distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

Ah, les films à sketchs !… Qui n'a pas la nostalgie des films à sketchs ? Film à sketchs, film à sketchs, demandez votre film à sketchs !… Viva la Roma… Génial ! Et la bataille de poulpe !… A hurler de rire... Fellini, Visconti, de Sica. Gassman. Oh, Gassman… Vittorio. Mais les américains à côté, c'est du pipi de chat. Des intellos, des compliqués, des tordus. Et Risi ! Grands dieux, Risi ! Les Monstres. Que dis-je ! Les Nouveaux Monstres. Tellement drôle ! Qu'est-ce qu’il devient celui-là, au fait… Je l'ai revu dans un bonus, l'autre jour. Barbe blanche, jeans, polo rose, lampe avec abat-jour...

La Distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

6 Nous étions à cette époque de l'année un peu particulière où les personnes âgées ont gardé l'habitude de sortir habillées comme en plein hiver alors que le soleil brille et qu'il fait une température proche des 20°. Tout le monde se souvient avoir croisé, vers la fin du mois d'avril (par une journée exceptionnelle de beau temps, il est vrai) tel monsieur âgé couvert d'un épais manteau de laine, l'écharpe bien nouée, les gants de rigueur à l'instant où des jeunes en T. shirts, les adultes en vestes, nos femmes exquises au milieu de leurs jolies robes vont et viennent sur les trottoirs étincelants...

La distraction d'Orphée (Extrait)

Guillaume Poutrain

5 L'amiral Larima Larima quoi la rime à rien disait Prévert. Water-closed. Passé vingt heures, un calme relatif s'installe sur nos ondes radiophoniques. C'est l'heure de la météo marine. Juste le temps de se lever qu'en lieu et place du dîner l'information digère. Voici la courante. Fruit du bocage et du lièvre de nos terriers, ce mouvement de périnée bucolique durera bien quelques minutes. Un petit magazine. Merci. C'est le missel du rituel, l'alibi de l'officiant, la fontaine ensorcelée du voyage immobile. -Je vous fais le shampooing des entrailles? -Avec plaisir. Le bac est tiède. On peut s'abandonner...

Comme une averse oubliée (3/3)

Guillaume Poutrain

XVII Oui tu es propre, mon amour, au sens propre, excitante, tu excites mes sens, au sens sens, sous la douche, dans ton bain, sous tes yeux, dans mon cœur, mon amour, je bafouille. Les cheveux en panique, tu passes au rythme d’un air de jazz; je m’affole. Entre chaque virgule de ton parfum, l’enfance fait battre le ciel et rimer la terre et les nuages. Espoir, bon sens, ta nuque orientée plein soir et la mêlée des marchandes orientales. Ces mille ans pendant lesquels nous nous sommes entendus Ce voisin qui, à force d’emprunter le sens giratoire de ton cul finit par se tromper d’appartement. Et...

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