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Le blog de Guillaume Poutrain Expert en aphorismes et fragments narratifs ! (Des femmes, de la philosophie, de la beauté, de la vie en société...)

poesie en prose et versifiee

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

98 La neige tombait au Vagabond bien-aimé J'avais vingt ans Un ami dans la pièce voisinait Et son amie à lui Je la partageais parfois C'était jour de valse, cour de fête, cerisiers en fleurs Sur fond de mer argentée. Soirée Etretat Au coin du bar, l'esprit pétillait Petit Vagabond, je me souviens de toi Charmante journée Cette nuit nous voici seul dans la pièce Un matelas à terre La fenêtre ouverte sur la neige Et les estampes de Debussy Accrochées au silence. Pas de Verbe Tranquillité intérieure Sensation qui se laisse doucement aimer Lâcher prise La neige tombe Moi, je monte.

La Distraction d'orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

97 Il m’arrive de pleurer de joie en écoutant une sonate de Beethoven, un concerto de Mozart. Je tourne la tête lorsque les amoureux s’enlacent à la fin du film. J’adore quand le salaud se fait bourrer la gueule à coups de godasses. Nous tremblons de découvrir la fillette cachée au fond de la baignoire. Ici c’est moi au cinéma regardant un sac plastique voleter dans le ciel. Je suis capable de presser la beauté du monde, Je veux ma part d’apocalypse du regard. Nous sommes prêts à embrasser l’être humain qui traverse la chaussée. En souvenir de Bardot, me voilà d’humeur à culbuter le frou-frou du...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

95 J'ai toujours envié la présentatrice des journaux télévisés du matin. Enfin, ce n'est pas elle que j'envie, mais la situation, cette esthétique de faux bois, de faux café, sur fond de crise, comme deux fragiles épaules écloses dans le trou du mite du quotidien, telle une planète soumise aux rayons brûlants du désir, jadis concept balbutiant Devenu triomphal avec la publicité, principe de masse appliqué aux détails de la mise en scène, marmite de nos désirs inconscients plongée dans la cassolette des informations mondialisées, image soyeuse de la rugueuse réalité, J'aime son pull épais, largement...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

94 Les femmes sont meilleures humainement et moins bonnes artistiquement. Y-a-t-il un rapport de l'un à l'autre? On s'en fout. Avec leur bas-ventre qu'elles ne peuvent voir en peinture sans s'extasier, (Le triangle d'or quand il s'agit d'auto-tamponneuses francs-maçonnes!), elles roulent dans de petits bolides Direction le grand bureau où elles seront moins payées, mieux exterminées par de vilains patrons, souvent vilipendées, parfois salies, voire escamotées. C'est la vie. Et il y a pire ailleurs. La conspiration sous les aisselles, par exemple. Tiens voilà Jane Birkin, Salut Jane, alors quoi...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

83 La rumeur circulait depuis quelque temps d'une telle opération parmi la population juive, mais certains pensaient qu'elle ne concernerait que les hommes, comme les précédentes, d'autres ne pouvaient pas y croire, – la plupart, de toute façon, n'avaient pas où aller. 6.000.000 de morts. Soleil pulvérisé. Braoum. Chapeau de cendre. Monticule planétaire. Horizon parfaitement dégagé. – 6.000.000 de morts. Tes parents sur la photo. Ils se tiennent la main. Au milieu. Dans les coins. Une famille entière. Ce n'est pas que je souhaite en parler mais l'idée m'a traversé l'esprit. Un long couloir. Rideau....

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

81 Reçu aujourd’hui la newsletter de la pasto. Marie, ton ventre rond, je le trouve magnifique. Les copains adorent. Quelle chance tu as d’être la mère du Christ. Si j’étais une femme Je voudrais être toi, Je voudrais être reine. Un rayon de soleil apparaît au fond du ciel. Maman gratte à la porte. Elle approche ses mains. Je suis dans mon bain. Puis les éloigne de son buste. Je suis chez les putes. Les comètes du village grattent à la porte, pliées en deux. Ouvertes et fermées alternativement. Comme un porte-monnaie géant. Deux globes perpendiculaires surgissent du lin blanc. Un enfant nul en...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

79 Assis avec sa bière dans le bistrot en train d'écrire. Pendant qu'il rédige, l'avenir se transforme au gré de l'écriture. En parallèle de cet avenir tout-puissant, prenons un exemple. Il a noté robe rouge et la fille - une jolie blonde - entre dans le bar avec une robe rouge. Tout le monde suit. L'écrivain lève ses lunettes. Regarde la fille. Rabaisse la lunette. Sort des toilettes. Semble peu satisfait. Et pourtant on en a aimé des moins belles. Je me dis qu’il exagère. Qu’elle est bien jolie avec sa robe, un peu fade certes Mais on devine que c’est pour plaire au maximum de gens qui boivent...

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

62 Il y a un moment où on lâche tout Cela s'appelle la mort les plus malins certains artistes notamment Meurent et puis renaissent Meurent et puis renaissent Meurent et puis renaissent Trois fois c'est déjà bien quatre c'est beaucoup mais ça arrive Prenez Van Gogh Attrapez-le par son regard vous y verrez des étoiles Et puis un vert extraordinaire avec des rêves époustouflants Ca c'est l'effet pomme de terre et pourtant il est mort Ce n'est pas lui qui peint de toute façon ni son double, d'ailleurs encore moins son triple c'est son idéal Un idéal de fou furieux Plein d'humanité Moi, mon idéal C'est...

La distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

57 Si nous avons peur du trépas, c’est qu’on imagine la mort comme le contraire de la vie. A l’âge où je commence à me poser la question, elle représente le miroir inversé de la pleine santé. On conçoit le gouffre qui sépare. Heureusement, la vieillesse va se charger de le combler. Certains demeurent inconsolables. Notre caractère optimiste, un tempérament candide placent dans la vie une confiance excessive. L’existence représente pour l’homme le siège d’où il contemple les aléas du jour qui passe. Navré de tourner en rond, je confie mon espoir à l’au-delà. Incinération. Etre complexe à détruire....

La Distraction d'Orphée (extrait)

Guillaume Poutrain

52 -Comment expliquer la gravité de notre musique de chambre du XXème siècle? Voilà une question qui mérite un bon fauteuil. Bien sûr les totalitarismes, évidemment les génocides. Tout de même, les siècles précédents n'en ont pas manqué. Est-ce une raison pour composer des romans à seule fin de leur enlever une lettre? Et la principale ! Et des tableaux vierges sur la toile? Certes, le mépris ne date pas d'hier. Ni la médiocrité, la paresse, l'ambition maladroite… Alors d'où vient ce vide délibéré, jeté à la face lépreuse d'un monde qui s'écroule dans le sang des enfants à venir? Qui se dira responsable...

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